Page:Flavius Josephe - Leon Blum - Contre Apion, Leroux, Paris, 1902.djvu/61

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en retenant d’abord ce fait, pour réfuter plus tard d’autres auteurs ; il nous a accordé et il a reconnu que notre race ne tire pas son origine des Égyptiens, mais que nos ancêtres vinrent du dehors s’emparer de l’Égypte et qu’ils la quittèrent. [253]. Mais nous n’avons pas été mêlés dans la suite aux Égyptiens infirmes, et Moïse, qui conduisit le peuple, loin d’être des leurs, avait vécu bien des générations plus tôt, comme je vais essayer de le prouver par les propres discours de Manéthôs.


XXVIII

Absurdité du point de départ.


[254] D’abord la cause sur laquelle il édifie sa fable est ridicule  : « Le roi Aménophis, dit-il, désira voir les dieux. » Lesquels ? Si ce sont les dieux consacrés par leurs lois, le bœuf, la chèvre, les crocodiles et les cynocéphales, il les voyait. [255]. Quant à ceux du ciel, comment le pouvait-il ? Et pourquoi eut-il ce désir ? — Parce que, par Zeus157 déjà avant lui un autre roi les avait vus. — Il avait donc appris de lui leur nature et comment celui-ci avait pu les voir ; alors il n’avait pas besoin d’un nouveau moyen. — [256]. Mais le devin grâce auquel le roi pensait réussir était, dit-on, un sage. — Alors comment n’a-t-il pas prévu que le désir du roi était irréalisable ? et en fait il ne s’est pas réalisé. Et pour quelle raison la présence des mutilés et des lépreux rendait-elle les dieux invisibles ? Les dieux s’irritent contre l’impiété, non contre les infirmités du corps. [257]. Puis, comment quatre-vingt mille lépreux et malades ont-il pu être réunis presque en un seul jour ? Comment le roi n’a-t-il pas écouté le devin ? Il lui avait prescrit, en effet, de faire passer la