Page:Flavius Josephe - Leon Blum - Contre Apion, Leroux, Paris, 1902.djvu/86

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VI

Ils peuvent être citoyens d’Alexandrie sans adorer les dieux égyptiens.


65 Mais il insiste. « Pourquoi donc, dit-il, s’ils sont citoyens, n’adorent-ils pas les même dieux que les Alexandrins ? » A quoi je réponds : « Pourquoi aussi, bien que vous soyez tous Égyptiens, vous livrez-vous les uns aux autres une guerre acharnée et sans trêve au sujet de la religion [39] ? 66 Est-ce que pour cela nous ne vous donnons pas à tous le nom d’Égyptiens, et vous refusons-nous plus qu’à tous les autres celui d’hommes, parce que vous adorez des animaux hostiles à notre nature, et que vous les nourrissez avec un grand soin, alors que toute la race humaine semble une et identique [40] ? 67 Mais s’il y a entre vous Égyptiens de telles différences d’opinions, pourquoi t’étonnes-tu que des hommes, venus d’un autre pays à Alexandrie, aient conservé sur cette matière leurs lois primitivement établies ? 68 — Il nous accuse encore de fomenter des séditions. En admettant que le grief fût fondé contre les Juifs établis à Alexandrie, pourquoi fait-il à ceux d’entre nous qui sont établis partout ailleurs un crime de leur concorde bien connue ? 69 Et puis, il est facile de reconnaître que, en réalité, les fauteurs de séditions ont été des citoyens d’Alexandrie du genre d’Apion. En effet, tant que les Grecs et les Macédoniens furent maîtres de cette cité, ils ne soulevèrent aucune sédition contre nous, et ils toléraient nos antiques solennités. Mais quand le nombre des Égyptiens se fut accru parmi eux par le désordre des temps, les séditions se multiplièrent sans cesse. Notre race, au contraire,