la légende, mais aux questionneurs on s’arrangeait pour ne la confirmer ni l’infirmer[1]. » Qu’est-ce que cela prouvait ? Pour tous, discrétion de la comtesse. Pour M. Frédéric Masson, la fausseté et l’anodin du conte.
Troisième argument, enfin : l’impossibilité matérielle pour Napoléone de pénétrer en Autriche, à cause des rigoureuses précautions policières, à tous les relais, sur toutes les frontières. Et M. Frédéric Masson en appelait à tous les voyageurs du temps, et du pinceau vif et imagé qu’est le sien, brossait un tableautin de genre. Ce n’étaient que perquisitions, visites dans les malles, fouilles dans les valises, quelque chose comme une attaque de brigands : « Les papiers ou la vie ! » On les voyait, tous ces voyageurs épouvantés, vider leurs portefeuilles, exhiber leurs passe-ports, montrer des certificats, trembler sous l’œil des sbires et en frissonner encore, quand au long de la route brûlée de soleil, la diligence avait repris son trot au clair carillon de ses chevaux fumants.
Tout cela c’était de la littérature, et certes bien de la meilleure. À la vérité, des hypothèses seules soutenaient le fragile édifice de ce raisonnement. Trois semaines plus tard, M. Frédéric Masson soufflait dessus, et le joli château de cartes croulait avec élégance<ref> M. Frédéric Masson en faisait l’aveu dans un article, « L’Aiglon » et la comtesse Camerata ; documents nouveaux, paru dans la Revue de Paris, 1er juin 1900, p. 613 et suiv. Cet article et celui qui le précède, ont été réédités depuis dans Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 25 et suiv., et
- ↑ Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 32.