Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/162

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de bataille de l’Europe. Ne point l’avoir là, en vainqueur, mais en invité chez soi, en personnage d’apparat, figurant de gloires éteintes, c’est un spectacle auquel les âmes raffinées peuvent trouver les plus délicates jouissances de l’ironie.

De ce brusque contact avec un monde insoupçonné, il est sorti enivré, éperdu, liqueur trop forte qui grise l’adolescent. Fleurs, lumières, parfums et nudités, tout cela lui a été prodigué, comme par surprise. La tentation se renouvelle de soir en soir, quand il lui plaît, car est-ce que les invitations lui manquent ? Ce dont la légende s’afflige, c’est de le croire l’habitué de tous ces bals et de toutes ces fêtes. Cette légende veille sur lui, attendrie et mélancolique. Des bribes de vérité qui lui sont parvenues, elle tire des conclusions qui font honneur à sa sensibilité. « Il recherchait, dit l’une d’elles, avec avidité, les plaisirs bruyants du bal, se laissait entraîner pendant des nuits entières aux tourbillonnements d’une valse plus fatigante que voluptueuse, car laissant de côté les danses allemandes, c’était aux bonds sautillants de la galoppe anglaise, ou à la rapidité des figures françaises qu’il donnait la préférence ; et ce n’était pas sans surprise qu’on voyait ce jeune homme, autrefois si grave, si occupé de travaux paisibles et sérieux, rentrer le matin pâle et harassé, après avoir passé une nuit de fatigues et d’épuisement