Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/182

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que jolie[1]. » Le dernier biographe de Fanny est assez loin de partager cet avis, et ce qui demeure de cette frêle image disparue, en estampes et en portraits, semble bien lui donner raison sur ce point. Ici on en peut appeler aux contemporains. Grillparzer, un compatriote de Fanny, disait d’elle : « C’est un corps plein de désirs qui danse, au lieu d’une âme avec des passions. » Ce blâme touche à l’art ; l’éloge vise le physique. C’est le seul argument à retenir. Mais, ici, la discussion ne devient-elle point inutile ? Sans utilité on la pourrait prolonger, opposant les amis de la danseuse à ses détracteurs. Le besoin de cela ? Et un exemple significatif nous en sera donné par un admirateur même. Il a un nom illustre : Théophile Gautier. Lors des représentations de Fanny Elssler à Paris, en 1838, il lui consacra deux articles, l’un dans le Figaro, l’autre dans le Messager, à sept mois de distance. Ce sont deux beaux morceaux de littérature lyrique, passionnés et contradictoires. Les commenter est superflu. En les reproduisant ici nous aurons démontré ce que ces discussions sur les charmes physiques d’une femme peuvent avoir de vain, – suivant les yeux dont on les regarde. L’article du Messager démontre à

  1. Henri Welschinger, Le Roi de Rome... ; déjà cit., p. 418.