Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/269

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fantômes impériaux et ses nobles appels vers la grande mémoire de l’Homme, acceptons-là, dans sa robe pourpre et violette, car elle relie le présent sans enthousiasme au passé plein d’espoir. Elle continue la tradition de la mélancolique légende ébauchée avec foi et sans art, et l’achève dans un épanouissement qui honore les Lettres de France. C’est le magnifique chaînon d’or qui nous rattache aux temps de naguère, qui perpétue parmi nous le rêve des Fidèles de 1830 et de 1832. Si le bon goût peut sourire quelquefois du mode d’expression des poètes et des dramaturges de l’époque des cabriolets et des spencers à collets de velours, la sympathie ne leur doit jamais être marchandée. Ceux-là ont chanté sans espoirs et sans salaire, vaincus d’un parti qui n’attendait plus rien des Aigles. Du mystère qui enveloppait la prison autrichienne ils ont dégagé la Légende du Jeune Homme captif ; ils ont rimé pour elle, et c’est tant mieux si leurs maladroits poèmes ont retenti au cœur des foules. Des médiocrités pratiques de leur époque ils ont consolé les espoirs trahis, les vœux écrasés, les souhaits méprisés. À la Banque triomphante, installée aux Tuileries, ils ont rappelé les splendeurs consolatrices, les gloires de l’Idée, et montré que ce n’est point sur un sac d’écus à l’effigie lippue que s’assied l’âme de la Patrie.