Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/288

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Ainsi, soins, sourires navrés, paroles consolantes, l’agonie du Jeune Homme est adoucie et se traîne. Peu de semaines, peu de jours ! Aux chaleurs de juillet le voilà accablé, incapable de marcher, cloué au lit de fer où son père dormit aux nuits des victoires passées. Et, fidèle au devoir qu’elle s’est imposée, fidèle à son cœur, – que ce soit de la pitié ou de l’amour, peu importe ! – l’archiduchesse est là. Heure par heure, elle vit l’agonie, écoute décroître les battements d’un cœur que console son seul sourire, et voit s’avancer vers cette innocente et jeune proie la main de la Mort. Quand c’en est fait, elle disparaît, s’enferme dans ses appartements, car s’il convient à la Famille autrichienne de porter le deuil du défunt, il ne sied point de le pleurer d’une âme déchirée et vaincue par la douleur. Et pleurer, n’est-ce point tout ce qui reste à celle qui demeure ? Il n’en est point des porteurs de couronnes, – même ducales, – comme du commun des mortels. Là, sur un cadavre cher, les dernières larmes de l’adieu peuvent être pleurées ; ici le gouvernement s’empare du corps, car ne faut-il pas faire attester, par six chirurgiens assermentés, que la mort est naturelle et que, pour sauver le prince, tout a été fait de ce qui devait être fait ? C’est un corps tailladé à coups de scalpel, éventré, disséqué, qu’ils livrent au cercueil. Mais, quoi !