Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/314

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Jamais mon cœur ingrat ne s’était attendri
Sur le duc d’Angoulême et le duc de Berri.
Soumis aveuglément au droit de la puissance,
Je ne me doutais pas, dans mon adolescence,
Que l’héritier des lis régnait incognito
Dans le château d’Hartwel à la cour de Mittau,
Et que depuis vingt ans sa bonté paternelle
Rédigeait pour son peuple une charte éternelle :
Aussi, quand le vrai roi revoyant ses tribus,
Transporta à Paris son trône in partibus
Longtemps, comme étranger au sein de ma patrie[1],
Conservant malgré moi ma vieille idolâtrie,
Je suivais de l’erreur le labyrinthe obscur ;
Aujourd’hui même encore, instruit par l’âge mûr,

  1. Diverses éditions du Fils de l’Homme offrent des variantes poétiques entre elles. Nous signalons ici la plus importante qui semble bien être le texte primitif de Barthélemy, remanié par la suite pour les éditions hors frontières :
    J’avais lu vaguement, dans monsieur Le Ragois,
    Que la faveur du ciel nous conservait des Rois ;
    Mais, tout en déplorant leur race dispersée,
    J’ignorais les détails de leur long odyssée,
    Sur quel sol protecteur, sous quels lointains abris
    Respiraient librement les augustes proscrits.
    Soumis aveuglément au droit de la puissance,
    Je ne doutais pas, dans mon adolescence,
    Que l’héritier des Lis, exilé de Mittau,
    Régnait chez les Anglais, dans un humble château...
    Aussi quand le vrai Roi dans Paris ramené,
    Apparut comme un astre à son peuple étonné,
    Longtemps comme étranger au sein de ma patrie...