Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/317

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Oui, j’osai pénétrer dans la ville chrétienne
Que signale de loin la tour de Saint-Étienne :
Ce fleuve est le Danube, ami de ses remparts ;
C’est ici la maison où dorment les Césars ;
Voici l’écusson jaune, emblème de victoires,
Où l’aigle au double front étend ses ailes noires,
Et là, vers l’escalier qu’un Bohême défend,
S’ouvre la galerie où repose un enfant.
Que vous dirai-je encore ? À mes lèvres glacées
Épargnez le récit de mes douleurs passées :
Un pouvoir ombrageux veillait autour de lui ;
Je l’ai vu, mais de loin ; étranger sans appui,
Au seuil de son palais, sans en toucher les dalles,
Triste, j’ai secoué mes poudreuses sandales,
Et je n’ai même pu recueillir une fois
Le son de sa parole et l’accent de sa voix.

Écoutez cependant : La nuit était venue,
Le peuple, du théâtre inondait l’avenue ;
Et moi, Français obscur, par la foule conduit,
Sur un siège isolé je me jette sans bruit.
J’écoutais vaguement, et je voyais à peine[1]

  1. « Le théâtre de la Cour, Hoftheater, celui où j’aperçus pour la première fois le duc de Reichstadt, est remarquable par le peu de luxe de la salle et des décorations. On y jouait indistinctement la comédie, le drame tragique, et même des farces ignobles, indignes de nos