Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/319

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On lisait sur leur front, dans leur froide attitude,
Les ennuis d’un plaisir usé par l’habitude ;
Un lustre aux feux mourans, descendu du plafond,
Mêlait sa lueur triste au silence profond ;
Seulement par secousse, à l’angle de la salle,
Résonnait quelquefois la toux impériale.
Alors un léger bruit réveilla mon esprit :
Dans la loge voisine une porte s’ouvrit,
Et, dans la profondeur de cette enceinte obscure,
Apparut tout à coup une pâle figure ;
Étreinte dans ce cadre, au milieu d’un fond noir,
Elle était immobile, et l’on aurait cru voir
Un tableau de Rembrand chargé de teintes sombres
Où la blancheur des chairs se détache des ombres.
Je sentis dans mes os un étrange frisson ;
Dans ma tête siffla le tintement d’un son ;
L’œil fixe, le cou roide, et la bouche entr’ouverte,
Je ne vis plus qu’un point dans la salle déserte :
Acteurs, peuple, empereur, tout semblait avoir fui
Et croyant être seul, je m’écriai : C’est lui !

C’était lui... Tout à coup la figure isolée
D’un coup d’œil vif et prompt parcourut l’assemblée :
Telle, en éclairs de feu, jette un reflet pareil
Une lame d’acier qu’on agite au soleil ;
Puis, comme réprimant un geste involontaire,