Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/34

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Règle uniforme qui n’a ses exceptions qu’aux voyages à travers l’Europe ou dans les palais impériaux.

Visite méthodique, d’étiquette, qui rejoint la mère et le fils pendant une heure à peine, ne permet point le rapprochement naturel, et de semaine en semaine, creuse entre eux le fossé qui ne se comblera plus. Dès 1811, Marie-Louise est habituée à vivre, de jour en jour, vingt-quatre heures loin de son fils ; en 1814, ce seront des semaines ; dès 1815 des mois. Nul déchirement dans cette séparation : l’enfant est résigné, semble-t-il ; pour la mère, mieux encore, elle est habituée. Dès lors tout est simple désormais. Leurs vies se continuent sans secousses. Qu’ont-elles eu de commun dans l’intimité de la tendresse ?

Cette tendresse absente, il a donc fallu à l’enfant, la chercher en des cœurs étrangers. Autour de lui sa gouvernante, des femmes, ses berceuses, ont créé l’atmosphère amie du foyer dont sa grandeur l’écarte. Mais, de la nuance de cette affection qu’a-t-il pu discerner ? Peu, rien en somme. En 1814, il a trois ans, et si l’adulation des courtisans lui accorde une intelligence qui touche au prodige, il en faut, à la vérité, rabattre. À trois ans il est ce que sont les enfants normaux à son âge, plein de santé, vif, alerte, joueur. Alors seulement les premières sensations le touchent,