Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/374

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« Je recommande à mon fils de ne jamais oublier qu’il est né prince français » ? C’est cette recommandation que la Légende, pieusement, lui fait exécuter dans l’apocryphe. Mais cela ne suffit point. Il lui faut encore démontrer pourquoi le duc n’a jamais fait acte de prince français, comment on l’a annihilé. Pour ce qu’imagine-t-elle ? Des lettres hagardes et désordonnées, écrites sous l’empire d’un trouble moral qui touche au désespoir furieux et à l’hallucination. Voilà où les criminelles manœuvres de Metternich ont conduit le prisonnier ! Et pour attester de cet empoisonnement moral, J.- M. Chopin fait délibérément écrire au duc de Reichstadt, le morceau de littérature politique et romantique que voici :


Vous me promettez de brûler cette lettre après l’avoir lue... Mais pourquoi cette recommandation ? Vous l’auriez fait de vous-même, j’en suis sûr. Si le contenu ne regardait que moi, ma prière serait moins pressante. Lisez et ne vous étonnez plus du progrès rapide du mal qui me mine.
{{taille|Il y a déjà quelque temps, j’avais remarqué, dans le service des jardins de Schoënbrunn, un homme qui se trouvait presque toujours sur mon passage quand je me promenais seul. Sa taille était au-dessus de la moyenne ; ses mouvements, sans être lents, semblaient obéir au rythme militaire ; une magnifique blessure partageait son front, et complétait l’aspect martial de cette mâle figure. Cet homme m’attirait sans que je pusse en démêler la cause. La première fois que je voulus lui parler, j’étais avec le comte Dietrichstein ; il porta la main à son