Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et la cour morne à laquelle se borne son horizon. Jusqu’à l’âge de dix-neuf ans il sera là comme en une cage, surveillé, gardé, à peine prisonnier, mais... C’est ce que dit Dietrichstein, en 1829, à Barthélemy. Ce « pas prisonnier, mais... » consiste à être écarté de tout ce qui n’est point personnel gouvernemental, et ce personnel, ce sont les gouverneurs et les valets, choisis, acceptés et placés là par la police. La garde est bien montée. Nulle échappée sur la vie. Promenades avec escorte ; domestiques aux portes ; une consigne sévère et de la défiance partout. Cependant l’adolescent grandit.

Il n’a donc nul rêve ? Il demeure donc sans fièvre ? Est-il à ignorer le premier frisson instinctif de la nature s’éveillant ? Et ce à quoi n’échappe aucun des jeunes hommes de son âge, il demeure insensible ? L’éducation dogmatique et autrichienne a pu faire de lui tout ce qu’on voudra, au moral, soit ; admettons-le un instant, mais ce qu’elle n’a pu en faire, si elle l’a tenté, et cela paraît improbable, c’est un eunuque.

L’atavisme est-il, en ce point, pour quelque chose dans la paresse possible de son éveil à la sensibilité amoureuse ? On ne saurait le croire. Son père, s’il a eu le mépris de l’amour, considéré comme sentiment, n’a point eu celui du plaisir. Quant à sa mère... Les petits bâtards qui ont joué sur les pelouses de ses jardins parmesans attestent qu’elle eût, peut-être, de Thaïs, repentante, la retraite, mais non la continence.

L’enfant n’est donc point un anormal. Sa vie recluse,