Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/73

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choisie par la politique, soit, on y consentirait. Mais une maîtresse élue par le duc ? Complication dans l’espionnage. Par là ne filtrerait-il pas une partie de ce qu’on lui cache ? Par là ne lui arriverait-il pas un écho des espoirs tournés vers lui ? Cette maîtresse-là, sensible aux malheurs du duc, le serait-elle aux avances de la police ? Problème. Mieux vaut le supprimer que de le laisser se poser. Le sûr instinct populaire ne s’y est pas trompé, et, a, à merveille, deviné cette inquiétude du cabinet autrichien, en accusant Metternich d’avoir fourni des maîtresses à son captif. Chose peu certaine, mais qui ne la croirait possible ?

Les dires de Prokesch doivent donc, seuls, être retenus. Il a été l’unique confident du duc dans ce chapitre délicat, dans cette matière intime. Sans doute il dissimule, par respect à une chère et tendre mémoire, une partie de la vérité, mais celle-là qui perce à travers ses déclarations est précieuse. Éclairée par les conditions connues de l’éducation du prisonnier, elle constitue la base sérieuse d’une enquête. Cette enquête se résume en ceci : la beauté des femmes, ce qu’elles apportent avec elles, autour d’elles, de grâce fraîche et consolante, ne lui est point indifférente. Il est susceptible de souscrire à leurs avances, – une escapade connue le prouve. Ce qu’il peut chercher en elles, c’est, avec le calme de la fièvre adolescente, cette tendresse à laquelle il a été