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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/111

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rêverie, t’associer dans le souvenir à Maria-Magdalena Pasini et à son amie Catherina Campagna. Mais il te faut connaître la première, puisque tu dois vivre avec elle dans mon cœur.

Il tira de sa poche une large tabatière d’or et en fit jouer un déclic secret. Le portrait de Maria-Magdalena Pasini apparut, qu’aussitôt il porta à ses lèvres. Raton vit une femme nue, à demi couchée sur un divan et qui semblait comme elle être redescendue du Ciel. Un rideau noir à franges d’or et relevé sur le côté portait en poussière de brillants les initiales M. M. entrelacées. Monseigneur retourna la boîte, fit jouer un autre ressort, et Raton vit la même personne en costume de religieuse. Ses yeux modestement baissés rêvaient sur un secret, la bouche souriait mystérieusement, les mains étaient jointes. Au-dessous, Raton lut les mêmes initiales, mais en cheveux de la plus noire ébène.

— Aujourd’hui, dit Monseigneur, elle prie Dieu vraiment et j’ose croire que c’est une sainte. En ce temps-là elle priait l’Amour. Écoute, maintenant. C’est un air de Pergolèse qu’elle chantait à ravir.

Une petite musique d’épinette se fit entendre avec mélancolie. Elle semblait parvenir d’un pays lointain, à travers les années. La dernière note redit un son plus étouffé, comme si une larme qui glissa des yeux de