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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/128

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— Tu diras cinquante pater pendant que je nous donnerai à chacun cinquante coups de discipline. À genou ! cria-t-il d’une voix terrible qui contrasta avec la mielleuse douceur dont il ne s’était pas auparavant départi. Et veuille m’attendre un instant.

« Seigneur, pensa Raton à qui Peixotte avait relevé la robe et la chemise, voyez-moi à quatre pattes comme la Chananéenne ! Ce que je souffrirai ne sera rien à côté de ce que m’ont fait endurer M. le Duc, qui pourtant n’est pas mauvais, et M. Poitou, qui ne s’amende pas. Mais bénissez M. Peixotte qui veut expier les crimes des Juifs, particulièrement la Flagellation. Je vous offre ma douleur, ô Divin Maître, pour qu’elle soit comptée à M. Peixotte avec la sienne, puisqu’il fait retour à vous et peut être sauvé. Me flatterai-je, Seigneur, de vous avoir ramené une brebis d’Israël, et vous verrai-je m’apparaître, ô mon Dieu, attaché à la colonne du temple, afin de m’affermir dans mon courage ? »

Ce fut Peixotte qui parut, nu jusqu’à la ceinture et tout boursouflé de graisse. Il tenait à la main une discipline qu’il faisait siffler en l’air, mais dont il évitait de se frapper.

— Quel malheur, fit-il, en caressant de la main le bel objet qui se présentait à lui. Quel malheur ! un si beau satin !… Mais Dieu le veut ! Dieu le veut !…