Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/138

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l’aurait pu surprendre en compagnie de M. le Duc ou de M. Poitou, dans une posture moins équivoque. L’image qu’elle s’en fit lui ôta toute réflexion sur la conduite de sa maîtresse. Elle se retirait déjà précipitamment, comme si elle eût été trouvée sur le fait, quand Mme la Duchesse éleva sa voix pleine d’agrément :

— Viens ici, ma petite Raton, que je te présente à M. le Chevalier de Balleroy. Tu profiteras de cette occasion pour le remercier de t’avoir adressée à moi sans te connaître.

« M. le Chevalier, continua Mme la Duchesse, cependant que Raton pénétrait en tremblant, arrive en chaise de Bayeux. Comme c’est un bon ami qui sait qu’on l’excuserait dans un plus grand embarras, il n’a pas pris le temps de faire réparer un accroc à la dentelle de son poignet, ou simplement de changer de linge. Ces voyages causent toujours quelque tracas !… Nous sommes montés ici, pensant que tu ne tarderais pas à revenir, ou que, peut-être, tu étais déjà de retour. Allons, fais la révérence, et munis-toi du nécessaire.

« Cette enfant, reprit Mme la Duchesse, après que Raton eut exécuté la première de ces recommandations et durant qu’elle satisfaisait à la seconde, nous rend de si bons offices qu’Armand la substitue, en bien des circonstances, à son valet Poitou qui n’est plus propre à