Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

impatientée, saisit la lettre des mains de Raton et monta dans son carrosse, en disant qu’elles auraient loisir de lire et de méditer pendant le trajet, et que tout cela était bien fâcheux.

« Mademoiselle Raton, lut à haute voix Mme la Duchesse — le cœur de Raton battait très fort, — votre bonne nourrice est bien malade. Je vous écris sur son instance pour vous mander de partir ce lundi qui vient. Une issue fatale n’est guère à craindre, mais il serait bon que vous vinssiez pour la garde et les soins, car je ne peux m’occuper de tout et j’ai ma vie à gagner. C’est la Perrine qui vous remet ce billet. J’espère que vous n’avez pas oublié non plus Marie la Rebouteuse qui vous trace ces lignes et vous salue. J’oubliais de vous prier de m’apporter de la corne de cerf et de la poudre de taupe calcinée. Il me faudrait pour le prix de trois livres de chaque chose. »

— Eh bien, il faudra partir après le repas, fit Mme la Duchesse en serrant doucement la main de Raton, qu’elle garda dans la sienne. Tu resteras le temps qu’il faudra et que je prévois ne devoir être court, car il y a du reboutement là-dedans. Les vieilles gens sont longues à se remettre des fractures et les suites en sont parfois à