Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/258

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soient ceux de Comte de Sade, nom célèbre en Vaucluse pour avoir été mieux porté, outre deux prélats que je vénère, par l’immortelle Laure de l’immortel Pétrarque, pouvez-vous, dis-je, continua l’abbé, imperturbable, me donner des nouvelles du fugitif de Miolans et de l’épouse admirable de constance, de courage et d’abnégation, hélas ! qui le fit évader, hélas ! en compagnie de son bardache ?

— Te tairas-tu maraud !

— Elle est en ce moment à Saumane, en Provence, où elle lamente sur votre indigne abandon, et prie Dieu qu’il vous ramène. Mais je crains fort, Divin Marquis, qu’elle ne vous perde tout à fait. Oui, que, malgré la grâce du Roi, on ne vous renferme en Piémont ! Vous y trouverez, d’ailleurs, de quoi vous vêtir sans indécence : n’avez-vous pas oublié, Monsieur, dans les commodités de l’appartement, si j’ose dire, votre belle redingote couleur d’aurore et votre chapeau noir bordé d’angleterre ? M. le Gouverneur sera aux anges de vous revoir, malgré la fâcheuse plaisanterie de votre départ précipité, un tantinet périlleux… Mais quelle imprudence ce fut à vous, Monsieur le Comte, d’avoir conservé ce nom de Mazan sous lequel vous figurâtes sur l’écrou à la demande d’une maison sans tache qui ne devra d’être salie, que dis-je ! barbouillée, qu’à vos turpitudes de