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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/269

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grêlé, mais illuminé par deux yeux magnifiques, où se lisait l’égarement du génie, à moins que ce ne fût celui de la lubricité.

— Encore un instant ! fit-il, après avoir détaillé Raton des pieds à la tête. Le temps de terminer le 23e chapitre de la Première Partie de mon Paysan Perverti, qui formera quatre volumes en huit parties, d’environ 1.200 pages, le tout orné d’excellentes gravures en taille-douce, au prix de huit livres broché. On trouvera dans cette production le simple, l’attendrissant, le sublime, le terrible ; le vice y sera hideux, la vertu comme elle est assise devant le trône de Dieu. On y verra la naïveté, l’innocence, la perversion, la volupté, la débauche, le remords, la pénitence, une conduite admirable digne d’un saint et d’une sainte. Enfin, l’ouvrage s’achèvera par un plan d’association de laboureurs, qu’il serait à souhaiter que les suzerains-féodistes introduisissent dans leurs terres. Encore un instant, dis-je, que j’écrive ce 23e chapitre, qui est la lettre de l’infâme Gaudet d’Arras à Mlle Manon !…

Malgré son indifférence et sa passivité, Raton ne put s’empêcher d’être étonnée de ce langage débité avec feu, mais auquel elle ne comprenait rien, sinon qu’il s’agissait d’un saint, d’une sainte et du trône de Dieu. Toutefois, la triste expérience qu’elle avait retirée de son