Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/326

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suivie d’une converse qui lui porterait un potage.

— Mon enfant, avait dit la Prieure à son retour et dès le retrait de la converse, la Règle requiert une forte santé. Il ne faut point se laisser aller à ces défaillances. C’est la seconde fois aujourd’hui. Mais je crains plutôt que vous n’ayez des visions. Ne l’avez-vous point avoué, après le départ de Mme la Duchesse ?… Je vous dois prévenir que notre sainte Fondatrice nous a mises en garde contre ces impressions surnaturelles qui l’épuisaient elle-même. Elle propose d’interdire, en ce cas, l’exercice de l’oraison, voire la communion trop fréquente, comme de surseoir à l’abstinence et toute austérité. Que sera-ce pour vous, dans l’avenir ?… Ces extases renouvelées réduisent, je le répète, à l’extrême faiblesse. Quand ce n’est pas le démon lui-même qui les produit par de fausses apparences, elles nous enlèvent la volonté de résister aux tentations de superbe et d’impudicité. Je ne saurais trop vous redire que la piété et le mérite résident avant tout, et presque uniquement, dans l’obéissance seule. À ce propos, sachez donc que, sur l’ordre de sa Supérieure, la Bienheureuse Marie Alacoque s’efforçait de se soustraire à l’action divine. Notre-Seigneur apaisa sa débauche de ferveur en lui disant : « Je veux que tu ne fasses rien de tout ce que je t’ordonnerai sans le consentement de tes supérieures, car j’aime l’obéissance. » Obéissez-nous