Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/352

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chants, Raton ne se relevait pas, et le rideau glissa sur sa tringle. Même, une main l’aida à dépasser l’obstacle qui l’arrêtait dans sa course. M. le Duc, Mme la Duchesse, le Chevalier et quelques autres s’empressèrent aux côtés de l’abbé Lapin pour supplier la pauvre vieille de se retirer. Mais, sans rien répondre, elle demeura accrochée à la grille, et ni les plus doux, ni les plus rudes efforts ne l’en purent détacher.

— Elle est morte ! fit l’abbé qui palpait son maigre corps à la place du cœur et compressait la veine carotide à son cou décharné.

Et il se mit à genoux pour réciter les prières au point où en étaient les moniales. De son côté, M. le Duc faisait respirer des sels à Mme la Duchesse, à qui le Chevalier tapait dans les mains.

— C’est une vieille femme qui est morte là, chuchotaient les assistants. Peut-être sa mère…

La plupart quittèrent l’église en soutenant des femmes à demi pâmées. La Gourdan, son sérail, la maison de M. le Duc et les dévotes allaient approcher, mais M. Rapenod, sur un signe de son maître, avait barré la voie de sa hallebarde en étouffant des tarteufle qui ébouriffaient sa moustache grise, et tous ces gens confondus dans la crainte et la curiosité murmurèrent entre eux sans vergogne. Il vint pourtant un diacre et un bedeau,