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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/381

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et nous y renfoncent tous les jours !… Et qui vous a dit que votre fille fût possédée ? À quoi l’avez-vous reconnu ? Et puis encore, si vous n’avez voulu que chasser la présence du démon de la chapelle, c’est l’exorcisme de lieu qui convenait. Il vous faut, Madame, faire amende honorable, vous accuser aujourd’hui même de cette usurpation d’autorité, faute de quoi, en ma qualité de Visiteur de votre couvent, je porterai mes plaintes à l’Archevêché, après en avoir référé à M. le Chapelain, avec qui je vous conseille de vous entretenir sans délai. Allons, vous perdîtes la tête !…

« Hé, Madame ! est-ce que Jésus ne fut pas tenté, et saint Antoine, et bien d’autres ! Que pensez-vous donc de la bienheureuse Marguerite de Cortone que le Démon désolait par des chansons obscènes ? De sainte Thérèse, tourmentée l’espace de cinq heures par un diable invisible qui finit par apparaître sous la forme d’un négrillon ? En quoi la tentation peut-elle faire douter de la sainteté ? On répand ici un bruit auquel vous n’êtes pas étrangère, et vous manquez en cela à la charité chrétienne : que ma pénitente serait une pécheresse, une repentie. Eh bien, oui, je le sais ! Où est le mal ? Sa sainteté n’en est que plus éclatante ? Car c’est une sainte, Madame. Je le sais aussi, et nul n’est plus qualifié que moi pour le savoir. Auriez-vous rejeté Marie-Madeleine et Marie