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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/61

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— Là ! faut pas la rudoyer. Elle n’est pas encore faite à la bonne plaisanterie. On est tendre, on craint de déplaire aux maîtres, jusqu’au jour où l’on voit qu’ils font moins de cas de notre attachement que de celui d’une bête à quatre pattes. Bientôt, on se rend compte que parce qu’ils nous payent ils se croient quittes envers nous. Après tout, et quoique vous en pensiez, Mademoiselle Raton, on ne peut tout de même pas jouer à leurs jeux pour se distraire. Chacun sa façon… Mais on ne vous surprendra plus à l’avenir. Allons, faites risette à Grand-Jean qui vous aime, Mademoiselle Raton !…

Grand-Jean se penchait vers elle et tendait sa joue passée au carmin, comme s’il dût attendre un baiser.

— Celui-ci est parfait de ridicule, avec son clystère et son bonnet de papier ! lâcha Poitou qui prenait son rôle au sérieux.

— Ce n’est pas non plus parce que Monsieur se déguise en duc, dit Grand-Jean d’un ton piqué, qu’il tirera quelque chose de plus de Mademoiselle…

— Ah, Mademoiselle ! toujours Mademoiselle ! s’écria Macée en mettant les poings sur les hanches, et balançant la croupe. Est-ce qu’on m’appelle Mademoiselle, moi ?… Pas vrai, P’tit-Louis, est-ce que j’ai fait la bégueule quand tu t’es déclaré dans la cave ? T’avais un panier d’bouteilles, mais j’t’aime mieux avec un pot…