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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/106

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mon sillon.

de sueur, ses lèvres balbutiaient, ses deux bras pendaient hors des couvertures et sa tête avait glissé de dessus l’oreiller. Madame Després s’assit près du lit, et ses deux mains jointes sur les genoux, elle demeura immobile, regardant son fils.

Elle l’avait vu bien des fois partir, et jamais une telle amertume n’avait rempli son cœur.

C’est que cette fois il partait pour longtemps, pour toujours peut-être, de son plein gré, et qu’il s’éloignait d’eux, poussé par cet amour de l’inconnu qui lui faisait peur à elle.

Elle se rappelait son enfance débile, sa fougueuse adolescence ; elle regardait son front blanc et moite sur lequel pas un nuage ne passait, qu’elle ne le fît évanouir sous le souffle de sa tendresse.

Maintenant qu’il partait seul, où allait-il ? que ferait-il ? qui le soutiendrait, le fortifierait, le consolerait ? Allait-il écouter sans défiance cette voix fatale qui s’élevait des bas-fonds de sa nature et abuser de cette liberté si ardemment désirée ? De tous ses enfants c’était celui qu’elle n’aurait jamais voulu perdre entièrement de vue. Les autres moralement et physiquement étaient