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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/110

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mon sillon.

— Volontiers, dit René gravement ; arrête-moi une place dans la diligence qui part ce soir, je te prie.

— Quelle destination ?

— Paris.

Charles dissimula l’étonnement profond que ce mot lui causait, fit un signe d’assentiment et donna son frère le signal du départ. René regarda Damper une dernière fois, et, ramassant sa canne qu’il avait jetée près de lui sur le gazon, il suivit de loin la légère voiture qu’il perdit bientôt de vue.

C’est ainsi que, par un hasard des plus singuliers puisqu’il n’y avait eu entre eux aucune convention, les deux clercs de M. Doublet quittèrent Damper le même jour et à la même heure. L’un s’en allait la fièvre dans le sang, l’ambition au cœur, à la recherche du plaisir, de la fortune et du succès, tout prêt à briser les portes qui ne s’ouvriraient pas assez vite devant lui ; l’autre, le front pensif, le cœur plein de regrets, mais doué de modération, de patience et d’énergie, se préparait à entrer en lutte contre sa mauvaise fortune avec ces seules armes : le travail et la foi.

Ce jour-là, à Damper, le bedeau en allant