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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/116

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mon sillon.

goûts, livré au genre d’affaires qui te passionnent. Je cherche à me représenter ton centre d’action, à te voir devenu quelqu’un. Je n’aime pas à te savoir sur une grande route, traîné par les chevaux d’une diligence, ou par le souffle ardent d’une locomotive, regardant, d’un œil triste, un paysage qui ne ressemble pas à celui sur lequel nos yeux se sont ouverts pour la première fois.

Je n’ai pas besoin de te recommander de nous écrire ce qui t’arrivera d’heureux, mais tu sais que, personnellement, je veux davantage. Tu sais que je veux être tenue au courant de tout. Les déceptions d’avenir font souffrir, mais bien autrement que les déceptions du cœur, celles-ci ne se racontent pas, celles-là se racontent et c’est déjà un grand soulagement.

Surtout rappelle-toi, cher René, la promesse solennelle que tu m’as faite dimanche dernier dans notre halte, sous le grand chêne creux de notre forêt. Tu t’es engagé à ne pas rester à souffrir à Paris. On ne souffre bien que près de ceux qu’on aime, on n’est bien soigné que par ceux qu’on aime. Si Paris ne te donne pas ce que tu vas y chercher : l’indépendance par le travail,