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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/119

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mon sillon.

naient sur le pauvre sol aimé où j’ai toujours vécu, puisque j’ai pu quitter Damper parce que vivre notaire à Damper me semblait une sorte de suicide moral, puisque j’ai accepté d’être à charge pendant un an à deux femmes dévouées, dont l’une sèvre sa vieillesse de douceurs et l’autre sa jeunesse de plaisirs pour nourrir ce grand garçon qui devrait les nourrir, rien au monde ne me fera retourner en arrière. Donc pas d’amollissement, chère sœur, et reprenons ensemble le ton vaillant de la première page de ta lettre. J’ai une bonne santé, une foi et une tête de Breton. Avec cela on va loin, on résiste à tout, on pulvérise tous les obstacles et on devient maître, après Dieu, de sa destinée.

Mon voyage s’est fait rapidement. Je n’ai fait qu’une halte à la gare du Mans, et j’ai pensé qu’un voyage de ce genre t’intéresserait vivement. La salle d’attente seule est tout une étude. Voici une grande affiche, deux mots s’y trouvent : Saint-Nazaire — Vera-Cruz. Il n’y a plus de distances. Dans un autre coin un magasin de nouveautés a eu l’heureuse idée d’encadrer un miroir au milieu de sa réclame, toutes les femmes la lisent. Malgré ta généreuse recommandation