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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/123

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mon sillon.

jeune soldat, qui n’est point un troupier vulgaire, mais qui dans la pensée du peintre compte certainement parmi les maréchaux de l’avenir, interroge l’horizon. La crosse de son fusil touche le sol et il croise les mains sur cette arme, en ce moment inutile, par un geste qui serait plein de découragement s’il n’était pas aussi parfaitement calme. La note mélancolique de l’attente, de l’inconnu, de la solitude, est admirablement rendue ; ni en deçà ni au delà, une note juste. Le regard, l’attitude, le paysage ont une harmonie pénétrante qui fixe à jamais cette image dans la mémoire.

Mon regard aussi interroge l’espace, ma chère Mélite, mais ce n’est point sur les horizons illimités du désert qu’il se promène, c’est sur l’océan de plâtre, de tuiles et de pierres qui s’appelle Paris. Je suis logé tout près de Saint-Sulpice, j’ai l’église, un géant, devant les yeux. Donc vivez en paix me sachant dans ce saint voisinage. Qui donc pourrait oublier, renier, désespérer avec une église devant les yeux ? Demain j’ouvre la malle faite par ta main soigneuse, je mets tout ce que j’ai de plus beau et je commence mes visites. Adieu, fais une caresse