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mon sillon.

pagne avec son intelligence fortement nourrie, son caractère droit, sa volonté inflexible, avait fait de ses enfants des hommes, et on pouvait à bon droit admirer comment il avait su se montrer assez fort et assez doux pour discipliner cette ardente jeunesse et conserver intacts son respect et son amour. Il y avait eu des moments difficiles. Quelque légitime et quelque juste que soit l’autorité, par cela même qu’elle est l’autorité, elle a, jusque dans les familles, à étouffer bien des germes de révolte, à triompher de bien des tentations de folle indépendance. Le père de famille avait lutté et il était resté vainqueur. Tout en laissant à ses enfants, à mesure qu’ils grandissaient, une liberté mesurée, tout en tenant compte de leur opinion dans les questions générales et en leur abandonnant l’initiative dans les questions personnelles, il était deux points sur lesquels il n’avait jamais transigé : le travail et les devoirs religieux dans leur grave et strict accomplissement.

De quelque côté que revînt l’oiseau voyageur au nid et quelque vigueur qu’eût acquise son aile, quelque degré de science qu’eût franchi le jeune homme, ses habitudes redevenaient ce