Aller au contenu

Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

152
mon sillon.

foncés, dans les ruelles obscures, sur les arbres rabougris et dépouillés. Les vieilles murailles elles-mêmes sont devenues charmantes. La neige s’est accrochée à chaque aspérité des pierres, un tapis éclatant retombe du faite, les fougères qui y poussent sont devenues autant de panaches blancs. Que c’est beau ! mon Dieu, que c’est beau ! Mais où sont les souffrants ? Les pauvres et les oiseaux. Ils paraissent bien un peu inquiets. Comment remplir le jabot et la besace sur cette terre magnifique, mais devenue tout à coup d’une stérilité effrayante ? Les oiseaux font comme ils peuvent, bien des mains compatissantes égrènent ici et là des miettes qu’ils dévorent avidement ; les pauvres ont élu domicile chez leurs meilleurs amis, ils visitent les maisons chrétiennes.

Le vieux Colomban a simplement déposé tout à l’heure, dans un coin de notre cuisine, sa béquille et sa besace et il s’est installé au coin du feu. Il est là, fumant très-paisiblement, avec son beau front ridé et ses grands airs de vieux prophète.

J’ai déjà fait avec lui toute une petite conversation. En voyant tomber la neige, il s’était, m’a-t-il confié, réjoui dans son cœur.