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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/18

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mon sillon.

dans le ménage Després. Ceux qui assistaient aux grands dîners, qui se donnaient de loin en loin, savaient quelles richesses renfermaient les vieilles armoires de chêne. Quant à leurs enfants, dûment avertis qu’ils étaient qu’on n’agissait ainsi qu’en vue de leurs intérêts à venir, ils se faisaient à l’idée de voir les délicatesses du comfort moderne demeurer inconnues à la maison paternelle.

— Les meubles s’usent, les champs restent, avait dit fort judicieusement le père de famille quand des sollicitations timides s’étaient fait entendre.

Et la maison pleine d’habitants débordant de jeunesse, avait conservé son vénérable aspect.

— Nous sommes aujourd’hui au 20, je crois, dit tout à coup M. Després en secouant la tête comme pour renvoyer une pensée pénible.

— Oui, Marc, répondit sa femme sans interrompre son travail.

— C’est donc aujourd’hui l’anniversaire de notre mariage, ma femme. Il y a aujourd’hui vingt-neuf ans que tu es entrée ici en maîtresse.

— Vingt-neuf ans ! répéta madame Després, comme le temps passe ! vingt-neuf ans déjà !

Elle avait mené une vie rude, la faible femme ;