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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/188

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mon sillon.

tuelle. J’ai obéi, je lui ai tout dit sans détour. Il m’a écouté avec gravité, il m’a questionné sur les points obscurs, sur mes études, sur mon âge, mes ressources pécuniaires, j’ai répondu à tout sans fausse honte.

Il est demeuré quelque temps pensif et relevant tout à coup la tête : êtes-vous énergique, m’a-t-il demandé, pouvez-vous regarder la vérité en face ? Mon cœur s’est serré, mais dominant mon trouble : C’est la vérité que je cherche, lui ai-je répondu, je sais combien l’illusion est fatale quand il s’agit de choisir sa route dans la vie. Alors, d’une voix grave, il m’a dit ce que je ne faisais, hélas ! que soupçonner et ce que je repoussais de toutes mes forces. Deux impossibilités se dressent entre moi et l’avenir que je rêve, je n’ai ni diplôme, ni fortune. Avec le diplôme gagné par l’assiduité aux écoles spéciales autorisées par le gouvernement, tous les chemins m’étaient ouverts ; avec un noyau de fortune je pouvais me lancer dans une entreprise industrielle. L’un et l’autre me manquent et me manqueront ; j’ai passé l’âge d’obtenir ce fatal diplôme et je n’ai pas d’argent. Il faudrait qu’un ou plusieurs hommes me confiassent les fonds