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mon sillon.

toutes les routes dans la paroisse, les femmes me sourient, les petits enfants accourent m’embrasser et les hommes m’ôtent leur chapeau du plus loin qu’ils m’aperçoivent.

Hier, sous une haie de pimprenelles, j’ai rencontré Colomban. Il n’était pas seul. Un autre vieux pauvre qui portait une défroque de bourgeois : redingote percée et graisseuse, gilet de satin éraillé, chapeau de soie défoncé, avait posé sa tête grise et échevelée sur les maigres genoux de son camarade d’infortune et dormait là fort paisiblement. Colomban m’a d’abord, comme toujours, demandé de tes nouvelles, et puis il m’a dit quelques paroles de compassion sur son vieux confrère endormi, un pauvre homme qui s’est gâté dans les grandes villes, qui ne veut plus croire à Dieu ni à diable, et qui, n’ayant pas à manger, boit pour s’étourdir.

Colomban espère le ramener à de meilleurs sentiments, il le loge dans sa cabane, partage son grabat et son pain avec lui, le fait accueillir par les ménagères charitables et le conduit à l’église le dimanche. « Et quand il refuse de venir, le païen, a-t-il ajouté, je lui redis le prône et il commence à reprendre goût au paradis, se