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mon sillon.

petites joies, ses petits bonheurs. Tu vas, je l’espère, continuer à me tenir au courant de toutes les parties que vous allez organiser, je m’y joindrai par la pensée. Je me rappelle avoir vu madame Anne Bourgeauville chez les Després, je l’ai rencontrée souvent au retour de la chasse. Elle m’a invité plusieurs fois à m’arrêter à La Brise quand j’allais avec Olivier Després chasser la bernache. J’ai été frappé de sa grande distinction et touché de sa fidélité à la mémoire de ceux qu’elle a aimés. Avec ce qui plaît au monde, elle s’est retirée du monde à la suite de profonds chagrins et elle a mené une de ces vies sérieuses, chrétiennes, dont la moitié reste ensevelie dans l’ombre, car c’est dans l’ombre qu’on fait le bien quand on le rattache aux espérances éternelles et non plus à la vanité d’une bonne réputation parmi les hommes.

Tu ne manqueras pas de me parler de ta promenade en mer. En fait d’eau, je ne vois plus que le grand fleuve jaunâtre qui traverse Paris et j’aime cependant à le regarder couler du haut des grands ponts qui ont comme une double arcade : l’arcade de pierre et l’arcade d’ombre qui s’arrondit dans l’eau.