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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/224

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mon sillon.

ge, traîné par un cheval qui avait une certaine ressemblance avec les chevaux apocalyptiques qui baissent si tristement le nez sur le pavé des stations de fiacres. La cabane de Colomban étant d’ailleurs située sur une des falaises, tu ne manqueras pas d’aller le visiter, ainsi que son frère le pêcheur. Combien j’aimais ces bonnes parties de pêche, combien j’aimais à voir retirer de l’eau ce filet rempli. Qu’ils étaient charmants sous le soleil, ces pauvres poissons, morts si vite hors de leur élément. Je n’aime pas à les rencontrer dans la petite charrette parisienne traînée par une vieille femme qui a l’audace de jeter ce cri : « À la marée fraîche ! » Qu’ils sont flasques, décolorés, dégoûtants. J’en veux au commerce d’arracher à un pays souvent pauvre un aliment sain que lui sert à point la nature, pour venir l’offrir gâté, sans saveur, à de pauvres gens qu’il ne nourrit pas. Les ménagères, les restaurants achètent pourtant cela. On époussette nos brillants maquereaux, on lave nos soles délicates à l’éponge avec la plus touchante sollicitude et cela va frire dans les poêles parisiennes. Cette vieille femme et son éponge m’ont fait rire, elle avait positivement l’air de débarbouiller un enfant.