tienne de sa future famille lui plaît par-dessus tout : devenir à moitié Bretonne l’honore. Quand je l’entends parler ainsi, mon sang bouillonne, et j’ai beau me mettre en présence de cet égoïsme qui permet à un homme que M. Brastard appelle son ami, de le laisser dans l’ignorance d’un fait de ce genre, je puis que le réprouver.
Comme ce secret me pèse, ma sœur ! plus j’y réfléchis, plus il me pèse. M. Brastard est plus que mon ami, il est mon bienfaiteur ; je vois presque tous les jours maintenant sa fille ; elle me laisse admirer comme à une connaissance intime la délicatesse de son âme, l’élévation de ses sentiments ; elle est à cent lieues de se douter que l’homme auquel elle va engager sa foi n’est qu’un menteur, un hypocrite. Ce luxe qu’il continue d’étaler aux regards seul est un mensonge. Enfin, j’espère toujours que la vérité se découvrira sans que je m’en mêle. Ce deuil est arrivé bien à propos, tout à fait providentiellement, je l’espère. Malgré toutes les instances de Charles et les prières de son père, mademoiselle Berthe persiste à ne pas vouloir revêtir sa robe de noce avant que les trois mois de grand deuil soient écoulées. Encore six semaines d’attente.