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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/265

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mon sillon.

rance. J’ose lui envoyer ces pages qui m’ont toujours paru une sorte de contre-partie des pages qu’il a lues. Ceci n’est pas une question de style, mais une question d’éternel avenir. Qu’il réfléchisse, qu’il prie, qu’il espère surtout. »

Je te transcris ces pages. Voici ce qu’on peut appeler la partie lumineuse.

« Mon enfance ne me rappelle que de frais souvenirs, et ma jeunesse fut une aurore. Je vivais avec des parents affectionnés, mais insouciants, et beaucoup plus avec moi-même qu’avec eux ; je vivais à la campagne, j’absorbais, sans qu’ils s’en doutassent, la poésie, la vitalité, le rayonnement, la sève de la nature. Oiseau et fleur je ne fus pas autre chose jusqu’à seize ans. Personne ne m’enseignait la vie, ses obligations, ses devoirs, ses mystères, sa responsabilité ; aucune souffrance ne m’avait encore approchée. Mon monde à moi, mon univers c’étaient les grands prés de velours, les champs ensoleillés, les landes sauvages, les sentiers invisibles tracés sous les hautes futaies, les creux dans les masses rocheuses, les eaux vives, le ciel avec ses beaux aspects changeants. J’aimais vaguement toutes choses et j’aimais surtout ma fa-