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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/267

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mon sillon.

grandes nattes s’arrangeaient d’elles-mêmes, laissant là mes lignes de pêche, mes flûtes de sureau, mes bâtons de saule enjolivés de dessins, oubliant presque mon cheval et mon chien. Pendant cette semaine de recueillement, la vie surnaturelle me fut en quelque sorte de nouveau révélée et j’en vécus deux ans, les deux plus ravissantes années de ma vie. Il me semblait qu’unie à Dieu, j’avais complété l’harmonie de mon être, et que rien ne me manquait. La poésie qui s’éveillait en mon cœur débordait en sentiments et en enthousiasmes religieux. J’avais des ailes aux pieds et probablement des rayons dans les yeux le jour où après avoir reçu mon Dieu sous l’apparence eucharistique, je revenais seule à pied, aussi parfaitement heureuse qu’on peut l’être sans souffrir. Ma solitude me devenait extrêmement chère. Dieu l’habitait. Je chantais toute la journée dans la maison comme par les chemins creux et je chantais des cantiques, ce qui transformait mon chant en une nouvelle prière. J’avais aussi mes heures recueillies, sérieuses. Quand ma campagne prenait ses grands airs et revêtait ses éblouissants aspects ; quand l’orage, avec ses éclairs fulgurants et ses ton-