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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/288

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mon sillon.

vieillards sont les premiers à s’imposer des privations que je n’accepte pas toujours. Et dire que ce cher frère auquel on ne peut procurer qu’une cuvette ébréchée et qui n’aura pas de fauteuil dans sa chambre, aura peut-être beaucoup d’or quelque jour.

J’ai un pressentiment que tu nous arriveras bientôt. Hâte-toi de me détromper si tu prévois devoir retarder ton voyage, car mon cœur fait un tic tac effréné, extrêmement gênant. Depuis quelques semaines nous nous nourrissons d’imprévu et cela cause tout un ébranlement qu’il est raisonnable de faire cesser.

Adieu, au revoir, à bientôt, mon cher René. De toutes ces formules, c’est à la dernière que je m’arrête. Il me semble que tu habites déjà notre pauvre petit presbytère ; tout à l’heure en caressant Tack je lui disais : « René va venir. »

Je dis cela à tout et à tous : aux pauvres qui remarquent que je suis généreuse encore plus que d’habitude, aux ménagères du bourg qui me trouvent gaie, à mes poules, à mes brebis, aux oiseaux qui sautillent devant moi, j’annonce que René arrive. Et vraiment il me semble qu’ils ne sont pas insensibles à cette saisissante nouvelle.