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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/315

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mon sillon.

conservé intact ; l’amour filial avait survécu à tout le reste. C’était pour sa mère qu’il avait le courage de revenir à Damper, porter au milieu de la ruche industrieuse et prospère son cerveau fatigué, son corps usé, son cœur flétri et ses mains vides. Son souvenir lui était revenu à chacune des souffrances éprouvées, et quand le terrain avait tout à fait manqué sous ses pieds, un seul désir avait pu le rattacher à la vie, celui de la revoir, de la retrouver avec son inépuisable indulgence et son inépuisable tendresse.

Il consultait pour la vingtième fois le cadran enchâssé dans le fronton du collège, quand il tressaillit et se détourna.

Les chants voilés, qui lui arrivaient vaguement tout à l’heure, retentissaient tout à coup à ses oreilles. L’assistance à l’office étant très-grande, le degré de chaleur s’élevant, le bedeau venait d’ouvrir à deux battants le portail nord de l’église. Charles, de l’endroit où il était, vit de loin l’autel resplendissant et la foule agenouillée qui chantait d’une seule voix un de ces pieux cantiques qui, en Bretagne, restent vainqueurs de la mode.

Arrêté contre les pilastres intérieures du por-