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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/50

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mon sillon.

milieu d’elles, leur était restée complètement étrangère. Enfant, elle avait été exclusivement livrée aux soins de la vieille Perrine qui était d’un caractère peu sociable ; jeune fille, elle avait vécu de la vie isolée de son tuteur, ce qui l’avait rendue d’une timidité insurmontable. Elle n’avait formé aucune liaison même parmi les jeunes personnes de son âge.

M. Doublet n’avait jamais eu l’idée de se séparer d’elle et, pendant que les autres jeunes filles allaient achever leur éducation et s’habituer à la vie commune dans les pensionnats des villes voisines, elle avait continué à suivre l’externat tenu par des religieuses spécialement dévouées à l’éducation des enfants du peuple. Elle passa ainsi de l’enfance à la jeunesse sans ces transitions de physionomie, d’éducation et de toilette qui marquaient les étapes chez les autres. Les robes sombres et étriquées de l’adolescente s’allongèrent insensiblement, ses beaux cheveux qui pendaient sur ses épaules en nattes souples et brillantes prirent un arrangement moins enfantin et beaucoup plus disgracieux, elle tint plus souvent baissées ses longues paupières et instinctivement n’accompagna plus Perrine dans ses