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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/83

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mon sillon.

teuil de cuir. Son regard, trahissant les pensées contradictoires qui lui bouleversaient l’âme, parcourut lentement la vaste pièce dans tous ses recoins ; il s’attacha sur les murs, recouverts d’une boiserie terne, sur les toiles d’araignée qui flottaient aux angles du plafond, sur les paperasses jaunes, sur les bouquins poudreux, sur le large bureau couvert de poussière et d’encre sèche. On eût dit que, se voyant par la pensée irrévocablement attaché en ce lieu, il essayait de se rendre compte de ses impressions à venir. Tout à coup il se leva, fit en respirant bruyamment un mouvement d’épaules, comme pour se débarrasser d’un fardeau imaginaire, prit son chapeau et sortit en courant, après avoir jeté comme adieu à René ces mots :

— Mon cher, sois heureux ; l’étude est à vendre.

La plume échappa aux doigts de René.

Cette nouvelle inattendue, et, il faut bien le dire, inespérée, lui causa une émotion telle, qu’il demeura un instant immobile, étourdi, incapable de dompter son saisissement. Mais cela n’eut que la durée d’un éclair. Repoussant loin de lui le lourd pupitre, il se leva à son tour et