DE LA BASSE-NORMANDIE 165
Quand ils les voient partis, le bonhomme et la bonne femme descendent et se mettent à manger la vache. Mais pendant qu'ils mangent, les voleurs reviennent su? leurs pas. Les voilà pris. La bonne femme ne perd pas la tête.
— Donne-moi ton couteau, dit-elle à son homme, et tire la langue.
Il donna son couteau, qui était tout rouillé, et tira la langue. La femme se mit à la lui gratter.
— Qu'est-ce que vous faites donc là, brave femme? demanda le chef des voleurs.
— Vous voyez, je gratte la langue de mon homme.
— Pourquoi faire?
— Pour l'empêcher de mourir. Quand on a été bien gratté comme ça, la mort ne vous peut plus rien.
— Est-ce que vous ne pouvez pas me gratter aussi?
— Je veux bien. Donnez-moi votre langue.
Il la lui donne. La bonne femme la coupe. II s'enfuit en hurlant vers ses compagnons.
— Qu'est-ce que tu as?
Il veut parler et il ne peut.
— Qu'est-ce que tu as, enfin?