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LITTÉRATURE ORALE

Il alla bien vite retirer les ordures ; il arrangea joliment la fontaine et demanda pardon aux fées. Les fées lui pardonnèrent, pas tout de suite, pourtant. Peut-on dire que c’est de la méchanceté, cela ?

— On dit qu’elles changeaient quelquefois les enfants au berceau ?

— Cela arrivait, mais c’était la faute des mères. Les fées n’avaient de pouvoir sur l’enfant que si la mère avait oublié de le signer dans son berceau avant de le quitter. Dans ce cas, les fées prenaient quelquefois l’enfant qui était dans le bers et mettaient un des leurs à la place.

— Est-ce qu’elles avaient soin de l’enfant enlevé ?

— Je n’en sais rien, je le suppose. Mais on reconnaissait que l’enfant était un petit fêtet en ce qu’il mangeait beaucoup et ne grandissait pas.

Une femme avait élevé ainsi un petit fêtet. Les années se passaient et il était toujours petit. On pensait que ce pouvait bien être un fils de fée et qu’il était beaucoup plus vieux qu’il n’en avait l’air. Pour l’éprouver, on alla ramasser une grande quantité de coquilles de flies[1] ; on les remplit

  1. Mollusque univalve, comestible, c’est la patella vulgata des naturalistes.