Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
DE LA BASSE-NORMANDIE

passer tout au plus deux hommes de front. Les flancs sont en partie couverts de limon vert, onctueux au toucher, en partie nus, et dans ce cas, parsemés de petits coquillages adhérents : balanites et patelles maigres. Un peu plus loin le passage s’élargit et se prolonge, mais on n’y peut pénétrer qu’en rampant, à cause des galets que la mer y a accumulés et ne cesse d’y accumuler, et désagréablement importuné par une multitude de lourds insectes aquatiques qui vous sautent au visage. Le trou de Sainte-Colombe n’est visible que lorsqu’on est tout près, il est inaccessible à haute mer.

Voici maintenant la légende qui s’y rattache :

À une époque très ancienne, très ancienne, il y avait à Gréville une jolie fille qui s’appelait Colombe. Quand on dansait sous la couronne autour du feu Saint-Jean, c’était à qui des garçons lui donnerait la main ; quand elle entrait dans l’église, on n’avait d’yeux que pour elle ; quand elle allait traire dans les clos, le soir, c’était à qui lui offrirait de porter sa cruche rebondie, de cuivre luisant, remplie de lait. Mais elle n’acceptait de service de personne. D’un mouvement leste, elle chargeait elle-même sa lourde cruche sur son