Elle ne sera pas de votre force, Madame Lépine ; mais elle ne sera pas mal. Sont-ce là tous les outils qu'il vous faut ?… Quand voulez-vous celui-là ?
MADAME LÉPINE
Tantôt, quand le Chevalier sera revenu.
LA RAMÉE
Vous serez servie.
MADAME LÉPINE
Adieu donc.
LA RAMÉE, feignant de s'en aller.
Adieu. (Et puis se retournant.) N'avez-vous plus rien à me dire ?
MADAME LÉPINE
Non.
LA RAMÉE
Je ne suis pas de même… je rêve aussi, moi.
MADAME LÉPINE
Parle.
LA RAMÉE
Vous avez une lettre du Chevalier à rendre à la Marquise… oserais-je en toute humilité vous en confier une pour mon petit compte ?
MADAME LÉPINE
Qu'est-ce que c'est qu'une pour toi ? Est-ce que tu écris aussi à la Marquise ?
LA RAMÉE
Non, c'est une porte plus bas ; c'est à Cathos dont je ne sais le nom que de tout à l'heure, à ce petit minois de femme de chambre, qui était avec vous chez ce marchand, qui me parut niaise, mais jolie, et avec qui, par inspiration, j'ébauchai une petite conversation de regards, où elle joua assez bien sa partie ; et hier, quand le Chevalier m'envoya chez vous, en redescendant, je la trouvai sur la porte d'un entre-sol, où je repris le fil du discours par un : votre valet très humble, Mademoiselle, et par une ou deux révérences, aussi bien troussées, soutenues d'un déhanchement aussi parfait !… Je sentis, en vérité, que cela lui allait au cœur. Nous venons encore de nous entre-saluer ici ; et à l'exemple de mon maître, dont vous rendrez le billet, voici un petit bout de papier que j'ai écrit, et que je vous supplierai de lui remettre par la même commodité.
MADAME LÉPINE
Par la même commodité !… Mons de la Ramée, vous me manquez de respect.
LA RAMÉE
Oh ! vous êtes si fort au-dessus de cette puérile délicatesse-là ; vous êtes si serviable !…
MADAME LÉPINE
Mais à quoi vous conduira cet amour-là ?
LA RAMÉE
Hélas ! à ce qu'il pourra. Je ne m'attends pas qu'on ait rien remboursé à Cathos ; mais si vous vouliez, chemin f