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Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/357

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CATHOS, LE CHEVALIER, LA RAMÉE


LE CHEVALIER

Enfin ! vous voici donc, Marquise ? mon amour a bien de la peine à percer jusqu'à vos charmes : il y a longtemps qu'il attend à votre porte. Eh ! depuis quand l'Amour est-il si mal venu chez sa mère ?

Cathos et La Ramée se font, du geste et des yeux, beaucoup d'amitié.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Pardon, Chevalier, pardon ! la mère de l'Amour est très fâchée de votre accident, et va donner de si bons ordres que l'Amour n'attendra plus.

LE CHEVALIER

Ne me disputez pas l'entrée de votre cœur, et je pardonne à ceux qui m'ont disputé l'entrée de votre chambre.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Oh ! pour moi, je n'aime pas à disputer.

LE CHEVALIER

À propos de cœur, Marquise, j'ai à vous quereller… Je suis mécontent.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Quoi ! vous me boudez déjà, Chevalier ?

LE CHEVALIER

Oui, je gronde. Madame Lépine a sans doute eu la bonté de vous remettre certain billet pressant ; et cependant vous êtes en arrière ; il ne m'est pas venu de revanche. D'où vient cela, je vous prie ? C'est la Marquise de France la plus aimable et la plus dégagée que j'attaque ce matin, et qui laisse passer deux mortelles heures, sans donner signe de vie.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Deux mortelles heures, Madame Lépine ! deux heures !… sur quel cadran se règle-t-il donc ?

LE CHEVALIER

Deux heures, vous dis-je ! l'amour sait compter. Qu'est-ce que c'est donc que cette paresse dans les devoirs les plus indispensables de galanterie ? (Et d'un air ironique.) Serait-ce que vous me tenez rigueur ? et qu'une femme de qualité recule ?

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Moi, reculer ! moi, tenir rigueur !

LE CHEVALIER

Il n'est pas croyable que mon billet ait été pour vous