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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

sises et dont les têtes dépassent à peine les pupitres, sont devenus « les douze potirons ». Etc. Au surplus, l’anarchiste ne se pique point d’élégance. Il parle une langue brutale et il l’écrit, même dans l’intimité. En passant j’en donnerai pour preuve la lettre ci-dessous remise le 27 juin dernier à un de nos confrères de la grande presse qui se rendait à Londres en vue d’une étude sur les milieux anarchistes. C’est un billet de recommandation ou mieux de présentation :

Mon cher Lucien,

Je te prie de te foutre à l’entière disposition de X…, le porteur de la présente.

Pas besoin de t’en dégoiser six kilomètres ; il te racontera lui-même ce qu’il attend de ton amitié.

Je te serre la cuillère.

E. P.
Au compagnon Lucien Weil,
Club Autonomie,
Windmill Street,
Tottenham Court Road.

Si, pendant ses voyages, le « trimardeur » ne s’est pas formé aux belles manières, il a au moins acquis des notions très étendues sur les industries et sur les mœurs. Il saura, sans notes prises, par une simple habitude de mémoire, la répartition çà et là des contingents révolutionnaires, leur fractionnement en syndicats socialistes ou en groupes anarchistes ; ce qu’on peut tenter à Montpellier, ce qui est possible à Calais ; comment on extrait le fer au Mont-