dire. Et il essaya de conquérir Lhérot. Un autre eut été là que Ravachol eut agi de même. Il ne songeait même pas que toute la police de la Préfecture et de la Sûreté générale le recherchait depuis l’attentat commis au boulevard Saint-Germain contre M. le président Benoît, que ce Lhérot pouvait être un « indicateur, » c’est-à-dire un de ces hommes qui, sans être employés régulièrement par une police lui fournissent à l’occasion des renseignements dont elle use et qu’elle paie. Il ne réfléchissait point qu’en un pareil moment, — car l’attentat du boulevard Saint-Germain avait déjà vivement ému Paris, — ses propos devaient appeler l’attention sur lui.
Non. Lhérot ne lui apparaissait plus que comme un esprit à convertir, que comme une proie pour l’idée.
Aussi l’interroge-t-il sur son passé, son pays, ses relations, ses ressources. Et aussitôt Lhérot soupçonne un voleur, devient méfiant. L’autre va jusqu’à lui demander où il couche et s’il couche seul. Le soupçon de Lhérot descend jusqu’à un doute ignoble dont le dynamiteur devra se laver un jour. Enfin Ravachol va jusqu’à lui parler de l’affaire de la rue de Clichy.
Songez que l’attentat a été commis entre huit et neuf heures ; qu’il est onze heures du matin à peine ; que le restaurant Véry est installé au bas du boulevard Magenta, c’est-à-dire à près de quatre kilomètres de l’immeuble habité par M.l’avocat-général Bulot, et que personne dans ce quartier du Château-